Les barrières s'ouvrent. Nous faisons partie du premier contingent de véhicules. Derrière nous, la file de voiture est longue et certaines doivent rester de l'autre côté de la barrière... nous avons de la chance.

Nous déchantons très rapidement et nous devons nous faire à l'idée que la Mauritanie n'est pas pour tout de suite. L'inertie de l'administration marocaine dans toute sa splendeur. Personne pour nous indiquer la marche à suivre...

En premier lieu, il faut déposer les passeports au poste de police et remplir des fiches (en 2 exemplaires). Il faut ensuite attendre que l'on nous appelle pour retirer nos passeports. Paulon doit ensuite passer chez les douaniers pour régler la paperasse concernant le véhicule. Pour finir, nous passons encore dans le bureau de la gendarmerie.

Fini... et bien non ! A peine remontés dans Bissmillah, un homme en uniforme (il y en a tellement qu'on ne sait plus avec qui on traite) nous demande nos passeports, la carte grise et les papiers de douane du véhicule. On fouille nos bagages. Cette fois-ci, on passe la barrière...

50 mètres après la barrière, re-contrôle. Re-passeport, re-papiers... ça n'en finit pas. Le dernier poste de gendarmerie passé, nous nous retrouvons dans un no man's land entre les deux pays. Ici plus de route mais des pistes en très mauvais état qui partent dans toutes les directions et aucun poste frontière mauritanien en vue. Le mieux à faire est de suivre un habitué à travers les cimetières de voitures (les voitures sont complètement désossées entre les deux pays car la Mauritanie interdit l'importation de véhicules anciens mais pas celle des pièces détachées).

Après quelques kilomètres cahoteux, le poste frontière mauritanien est en vue. Ce que nous avons vécu au Maroc n'est rien comparé à ce qui nous attend ici. On recommence le manège: gendarmerie, police, douane, gendarmerie et... assurance. Ici, c'est ouvertement que les pandores nous demandent cadeaux et bakchich pour nous faciliter les choses. Une fois le statut de médecin de Patrick connu, c'est le bal des consultations gratuites qui commence. Distribution de médicaments, stylos, vêtements. 40 Euros pour les visas, 20 pour les papiers de douane et 40 de plus pour arroser les pourris locaux. Et à chaque fois on nous lâche un sourire et un grand : " Bienvenue en Mauritanie ! ". Quatre heures de tracasseries pour traverser deux postes frontière.

Finalement nous y sommes arrivés. Et bien, c'est sans compter sur les barrages de police et de douane qui pullulent sur les routes. Entre la douane et Nouadhibou il y a 60 kilomètres. Nous nous faisons arrêter pas moins de 5 fois...

Nouadhibou se profile au loin quand nous dépassons l'objet de notre visite en Mauritanie... le fameux train dont Paulon nous rebat les c...s depuis plus de 6 mois. Il faut admettre qu'il est à la hauteur de sa quête. Il est vraiment impressionnant. Les vibrations secouent le sol. Des wagons à perte de vue et le bruit assourdissant emplit l'atmosphère. Paulon se poste le long des voies avec sa caméra... il est aux anges. Sur les wagons de minerai, des passagers nous font signe. Dire qu'ils ont fait des centaines de kilomètres là-dessus...

Le train passé, nous nous dirigeons vers la ville de Nouadhibou. Nous sommes frappés par la misère qui sévit ici. Elle est encore plus grande que dans le Sahara Occidental que nous venons de traverser. La magnifique baie est encombrée de centaine d'épaves de bateaux en train de rouiller. Ces bateaux de pêche ont été offerts neufs à la Mauritanie par les pays industrialisés sans s'inquiéter de savoir si le pays comptait le personnel qualifié pour les utiliser. Tant d'argent investi pour rien.

Encore " énervé " par les tracas rencontrés à la douane et sur la route, je propose que nous rentrions au Maroc aujourd'hui même. Si on compte les heures nécessaires à rallier le Banc d'Arguin, nous n'y serions qu'à la nuit et demain nous devrions repartir tôt pour être sûrs de pouvoir passer au Maroc avant 17 heures (heure à laquelle la douane ferme).

C'est aussi à Nouadhibou qu'Ibrahim nous quitte. Séquence émotion ... C'est l'unanimité, ce type est d'une sagesse et d'une gentillesse incroyables. Il va nous manquer. C'est avec un immense plaisir que nous l'accueillerons lors de sa visite en Suisse l'été prochain. Si vous envisagez un périple dans le désert (que ce soit à pied ou en 4x4) nous ne pouvons que vous le recommander. (http://www.sahariaservices.com). Bonne route à toi l'ami...

Nous repartons donc d'où nous sommes venus ce matin. L'espoir de passer plus vite les frontières au retour ne fait pas long feu. Nous passons par les mêmes tracasseries que tout à l'heure. Paulon, hors de lui, fulmine et peste : " Pays de m.... ! ". Nous décidons de ne plus payer et de ne plus laisser Paulon au contact des officiels.

Dernier argument en date pour nous faire ch..., " Il n'est pas possible de ressortir du pays le jour même ". Nous ne nous laissons pas démonter. Patrick joue la carte du CICR et menace de se plaindre en haut lieu. Finalement les portes s'ouvrent pour nous laisser retourner au Maroc.

Nous nous perdons dans le no man's land mais finissons tout de même par retrouver la piste. En nous voyant arriver, un casseur de voitures nous interpelle en disant : " Touchez du bois !!! Vous avez eu de la chance ". Il nous explique que nous venons de traverser une zone minée... par chance Allah était avec nous.

Re-tracasseries marocaines... Enfin nous foulons à nouveau le Sahara Occidental. Total, à nouveau quatre heures pour passer.

Nous décidons de mettre un maximum de kilomètres entre la Mauritanie et nous. Nous dormirons cette nuit à Dakhla (400 km).

Résumé de la journée : - 8 heures de paperasseries (8 heures de bronzette pour Patrick) - 4 heures en Mauritanie - 30 contrôles policiers/douaniers

La nuit sera réparatrice. Demain est un autre jour... inch Allah

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